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L'Afrique centrale et orientale en lutte pour l'indépendance nationale

Year:1963 Issue:1

Column: Articles

Author: Houo Ki-tche

Release Date:1963-03-04

Page: 41-43

Full Text:  

LE mouvement pour l'indépendance nationale se développe impétueusement en Afrique centrale et orientale. Tandis que le Mozambique demeure colonie portugaise et que les deux Rhodésies et le Nyassaland, en Afrique centrale, et le Kenya et le Zanzibar, en Afrique orientale, sont encore sous domination britannique, deux anciennes colonies britanniques, le Tanganyika et l'Ouganda, et le Rwanda et le Burundi, anciens territoires sous tutelle belge, ont successivement accédé à l'indépendance.

Importante base du colonialisme

En tant que zone d'investissement des puissances impérialistes, l'Afrique centrale et orientale revêt une importance telle qu'elle vient, pour tout le continent africain, immédiatement après l'Afrique du Sud. L'Afrique centrale est riche en ressources minières. Elle possède la plus célèbre zone cuprifère du monde et bien d'autres matières premières d'importance stratégique. L'Afrique orientale a longtemps servi de base stratégique importante aux puissances impérialistes, qui ont fait d'énormes investissements dans ces régions. Après la Seconde guerre mondiale, des capitaux étrangers se montant à plus de 20 millions de livres sterling furent investis en moyenne chaque année en Afrique centrale. Avec la création de la "Fédération de l'Afrique centrale" par la Grande-Bretagne, la pénétration du capital étranger s'accentua. Le total des capitaux étrangers investis dans le cadre de cette "Fédération", capitaux en majeure partie britanniques, dépasse 370 millions de livres sterling. Les investissements de la Grande-Bretagne en Afrique centrale et orientale sont estimés à plus de 500 millions de livres sterling, ce qui représente un quart de la totalité de ses investissements en Afrique. Le capital monopoleur étranger contrôle entièrement l'industrie minière de cette région, de même que toutes les autres branches importantes de l'économie nationale, le commerce extérieur compris. Ainsi l'Afrique centrale et orientale est-elle une source importante des richesses amassées par les capitalistes monopoleurs des pays impérialistes.

L'Afrique centrale et orientale a également attiré un grand nombre de colons blancs. Les impérialistes encourageaient l'immigration des Blancs afin de renforcer leur emprise sur ce territoire et de piller plus efficacement les ressources locales. C'est ce qui distingue l'Afrique centrale et orientale de l'Afrique occidentale et équatoriale. A l'heure actuelle, il y a dans cette région près de 500.000 colons blancs, dont la plupart, soit 230.000, sont établis en Rhodésie du Sud. La Rhodésie du Nord en compte 80.000 et le Kenya et le Mozambique 70.000 chacun. Les colons blancs possèdent les mines, les terres les plus fertiles ainsi que les plantations où croissent la plupart des plantes industrielles. Ils se sont appropriés 30% des meilleures terres arables du Kenya, 85% des terres cultivées du Nyassaland et 33% des terres cultivées du Tanganyika. S'étant assuré une ferme emprise sur l'économie locale, ils contrôlent en même temps les régimes colonialistes réactionnaires dans plusieurs de ces pays. Ils constituent le point d'appui des puissances impérialistes pour réprimer et entraver le mouvement de libération nationale dans la région.

L'Afrique centrale et orientale occupe une position stratégique d'importance vitale. Elle joue un rôle capital dans les plans stratégiques des puissances impérialistes qui veulent s'assurer le contrôle des vastes territoires de la région afro-asiatique, et constitue un maillon essentiel reliant l'Afrique du Sud à l'Asie de l'Ouest et du Sud-Est. C'est pour cette raison que le bloc impérialiste y a installé un grand nombre de bases militaires. Par exemple, à Kahawa, près de Nairobi, capitale du Kenya, se trouve la plus grande base militaire britannique en Afrique, alors que Mombasa est un des plus grands ports de la marine britannique sur l'Océan Indien. De plus, la Grande-Bretagne a mis sur pied un "Commandement de l'Afrique Orientale" au Kenya pour renforcer son contrôle militaire sur cette partie de l'Afrique et sur les régions avoisinantes. Les Etats-Unis ont établi une base d'engins téléguidés au Zanzibar, et ont contraint le Portugal à partager avec eux ses aérodromes et ses ports stratégiques au Mozambique. Si les pays impérialistes considèrent cette région comme une zone vitale, c'est précisément parce qu'ils ont là d'importants intérêts stratégiques, coloniaux et économiques. En vue d'y maintenir leur contrôle, ils recourent à tous les moyens - de la répression armée à la duperie politique - pour saper et entraver le progrès du mouvement d'indépendance nationale.

Mouvements invincibles pour la libération nationale

Si le mouvement de libération nationale en Afrique ne cesse de progresser dans son ensemble, il s'est développé, ces dernières années, à un rythme sans précédent en Afrique centrale et orientale. Il y a à peine plus d'un an, aucun pays indépendant n'existait encore en Afrique centrale et orientale. Mais aujourd'hui, grâce aux peuples dont l'éveil ne cesse de s'affirmer et au progrès impétueux de la lutte anti-impérialiste, quatre pays ont accédé à l'indépendance dans cette région. Le Tanganyika, qui est le plus grand pays dans cette partie de l'Afrique, fut le premier à proclamer son indépendance le 9 décembre 1961. Ce fut la première brèche ouverte dans le rigoureux régime colonial existant dans cette région. Elle entraîna des réactions en chaîne dans les autres pays dépendants de l'Afrique centrale et orientale. Mettant un terme à la tutelle exercée par les colonialistes belges, le Rwanda et le Burundi, situés au cœur même de l'Afrique, proclamèrent leur indépendance le 1er juillet 1962. Après avoir fait échouer de nombreux complots fomentés par les impérialistes anglais afin de diviser pour régner, le peuple de l'Ouganda finit par acquérir son indépendance le 9 octobre 1962.

La naissance d'une série de pays indépendants, en nombre toujours croissant, fruit de la lutte longue et difficile du peuple, marque une étape nouvelle et plus avancée dans le mouvement de libération nationale en Afrique centrale et orientale.

Aujourd'hui, la lutte contre l'impérialisme et le colonialisme ne cesse de s'intensifier à travers toute cette partie de l'Afrique. La conscience politique du peuple s'élève de plus en plus, la lutte des masses devient chaque jour plus résolue, alors que les forces progressistes au sein du mouvement nationaliste s'accroissent. Des luttes de masse, de toutes envergures, ont éclaté dans les pays qui n'ont pas encore conquis leur indépendance. Les peuples y recourent aux moyens les plus variés, violents ou non, afin de rompre les chaînes de la domination coloniale. Spécialement dans les régions où l'impérialisme fait tout son possible pour se maintenir plus fermement, la lutte s'intensifie plus que partout ailleurs, et la situation y devient d'autant plus explosive.

Dans la "Fédération de l'Afrique centrale", bastion des colons blancs, le complot astucieux de la "réforme constitutionnelle", tramé par les colonialistes britanniques, a fait faillite. A un moment donné, le peuple de la Rhodésie du Nord, dans sa lutte, prit les armes, et déclencha du fond de la jungle des attaques-surprises contre la police et les troupes coloniales. En 1961, sous la direction du Parti nationaliste, le peuple de la Rhodésie du Sud déclencha, en s'abstenant de voter, une campagne nationale pour boycotter la "nouvelle constitution". A la fin de 1962, un gouvernement de coalition fut formé par deux partis politiques africains de la Rhodésie du Nord. Kenneth Kaunda, nouveau ministre du gouvernement, présenta une proposition réclamant l'élaboration d'une nouvelle constitution conformément aux aspirations du peuple de la Rhodésie du Nord, ainsi que la dissolution de la "Fédération de l'Afrique centrale". En Rhodésie du Sud, le peuple et son Parti nationaliste boycottèrent énergiquement les élections du "Conseil législatif", qui eurent lieu à la fin de 1962. A la suite de la lutte prolongée de son peuple, le Nyassaland est devenu, le premier février, un Etat doté de l'autonomie interne, avec pour premier ministre Hastings Banda, président du Parti du Congrès de Malawi, et il a contraint la Grande-Bretagne à accepter qu'il se retire de la "Fédération de l'Afrique centrale". Au Kenya, leur place forte en Afrique orientale, les colonialistes anglais se sont vus dans l'impossibilité de soumettre les Africains par la répression armée, ils ont donc de plus en plus recours aux tactiques politiques pour entraver la marche du Kenya vers l'indépendance. Mais la lutte montante des masses populaires n'en a pas été freinée pour autant. En un peu plus de six mois après le "Congrès constitutionnel" tenu au printemps 1962, les ouvriers du Kenya déclenchèrent plus de 150 grèves. En outre, de larges masses paysannes revendiquèrent résolument la restitution de leurs terres, tandis que les activités armées organisées ayant pour but la réalisation de l'indépendance nationale et l'opposition au colonialisme, s'intensifient de plus en plus.

La Grande-Bretagne a refusé au Zanzibar l'autonomie et l'indépendance qu'il réclame. Elle a toujours eu recours à ses anciennes tactiques pour semer la discorde, cherchant désespérément à aggraver les divergences et les disputes entre les principaux partis politiques de ce pays. Mais cela n'aboutira qu'à exacerber l'indignation et l'opposition du peuple du Zanzibar. Il faut noter particulièrement le fait que, même au Mozambique, colonie portugaise placée sous le pire régime colonialiste de toute l'Afrique orientale, le mouvement de libération nationale a accusé un progrès considérable. Des conflits ont éclaté entre la population d'une part et la police et les troupes coloniales de l'autre, dans plusieurs régions du pays. L'Union démocratique nationale, parti nationaliste du Mozambique, a ouvertement appelé le peuple à renverser la domination coloniale portugaise par les armes.

Pour consolider l'indépendance nationale

Les pays ayant déjà conquis leur indépendance poursuivent toujours leur lutte pour extirper les séquelles du colonialisme et consolider l'indépendance nationale.

Peu après avoir obtenu son indépendance, le Tanganyika annonça que l'africanisation des cadres des services publics serait réalisée dans le plus bref délai. Des Africains furent successivement nommés pour remplacer les gouverneurs provinciaux de nationalité britannique, pour prendre le portefeuille du ministre des finances et pour le poste de préfet de police en chef. Un certain nombre d'officiers de police anglais furent destitués. Le gouvernement du Tanganyika décida de relever de son poste le commandant britannique de l'armée; il prit aussi d'actives mesures pour assurer le développement de la culture et de l'économie nationale du pays. Au moment d'entrer en fonction, Julius K. Nyerere, président du Tanganyika, a formellement annoncé que son pays liquiderait tous les maux du système colonial. Il va sans dire que grâce à ces mesures, l'indépendance nationale du Tanganyika se trouvera consolidée encore davantage.

Depuis l'indépendance de l'Ouganda, le gouvernement et le peuple de ce pays luttent également pour l'élimination de l'influence politique, économique et culturelle du colonialisme. Ils ne ménagent aucun effort pour consolider leurs réalisations et poursuivre leur marche en avant. Avant comme après l'accession à l'indépendance, les peuples du Rwanda et du Burundi se trouvent devant la lourde tâche de combattre l'ancien et le nouveau colonialismes. Ils ont dû intensifier leur lutte pour conquérir et sauvegarder leur indépendance nationale, parce que les anciens colonialistes belges refusaient de retirer leurs troupes, bien que l'indépendance de ces deux pays eût été proclamée, et que, en même temps, les néo-colonialistes américains tramaient toutes sortes de complots afin de s'introduire dans ces pays par l'entremise des Nations Unies. Face à une opposition résolue, les anciens et nouveaux colonialistes échouèrent dans leurs intrigues. Les colonialistes belges furent forcés d'évacuer leurs troupes dans le mois qui suivit la proclamation de l'indépendance du Rwanda et du Burundi.

Le fait que ces pays ont pris des mesures immédiates pour éliminer les séquelles du colonialisme, pour consolider et développer encore davantage leur indépendance nationale, est une preuve que les peuples africains ont élevé leur niveau de conscience politique et acquis une expérience de la lutte; il prouve aussi que la lutte antiimpérialiste se développe chaque jour davantage.

Combattre le néo-colonialisme américain

Dans sa lutte résolue contre le colonialisme nouveau et ancien, le mouvement de libération nationale en Afrique centrale et orientale doit affronter avant tout cette tâche difficile qu'est la lutte contre le néo-colonialisme américain. Profitant de l'affaiblissement toujours plus marqué des vieux colonialistes et de leur recul forcé en Afrique centrale et orientale, les néo-colonialistes américains accentuent leur pénétration dans ces régions. En vue de camoufler leur visage hideux, les néo-colonialistes américains cherchent par tous les moyens à se déguiser en partisans du mouvement d'indépendance nationale; ils recrutent et forment des agents en usant de corruption, de tentation ou de flatterie ou d'autres duperies. Déjà les néo-colonialistes américains ont étendu leurs griffes sur le continent africain sous forme de "Corps de Paix", de "Programme du Carrefour de l'Afrique", d'"aides" de toutes espèces et de nouveaux investissements. Il a été estimé que les investissements des Etats-Unis en Afrique centrale ont déjà dépassé 120 millions de dollars. Les Américains investissent à un rythme plus rapide que les anciens pays coloniaux. Le capital américain contrôle actuellement environ 25 à 30% de l'industrie minière du cuivre en Rhodésie du Nord. Il s'est de plus assuré le contrôle de l'exploitation de certaines matières stratégiques en Afrique centrale; cette emprise fut même étendue au domaine des communications et des transports en Afrique centrale et orientale. En même temps, le gouvernement des Etats-Unis tente par tous les moyens de pénétrer dans certaines régions d'importance stratégique, et d'y établir des bases militaires.

Cependant, le peuple africain, qui prend conscience, a percé à jour dans toute sa laideur le vrai visage du néocolonialisme américain, auquel il oppose une lutte de plus en plus énergique. Quand les peuples du Rwanda et du Burundi se rendirent compte que les Etats-Unis nourrissaient à leur égard les mêmes desseins que ceux qu'ils avaient à l'égard du Congo, ils clamèrent: "Non à la protection américaine sous le couvert des Nations Unies!" Dans une brochure qu'elle a récemment mise en circulation dans le but de démasquer les visées agressives des Etats-Unis sur l'Afrique, l'Union nationale africaine du Kenya insiste sur la nécessité de demeurer vigilant devant le "véritable danger que constituent les visées expansionnistes des Etats-Unis en Afrique". Le peuple de l'Afrique centrale et orientale condamne énergiquement l'agression perpétrée sous le couvert du "Corps de Paix". J. B. Mwakangale, commissaire du Southern Highland Region du Tanganyika, a ouvertement réclamé le retrait du "Corps de Paix" américain de son pays. Au Zanzibar s'est développé un puissant mouvement contre la base américaine d'engins téléguidés. Récemment, Adelino Gwambe, dirigeant nationaliste du Mozambique, a de son côté démasqué et dénoncé la pénétration politique et économique des néocolonialistes américains dans son pays.

De par leurs propres expériences les peuples africains en viennent graduellement à se rendre compte que les Etats-Unis constituent le principal bastion du colonialisme à notre époque et qu'ils sont leur pire ennemi. Pour mener le mouvement de libération nationale à la victoire, et consolider celle-ci, il est évident que la lutte doit être résolument menée contre le néo-colonialisme américain.

Renforcer l'unité pour de plus grandes victoires

Pour intensifier la lutte contre leurs ennemis communs - l'ancien et le nouveau colonialisme, les peuples d'Afrique centrale et orientale sont unis plus étroitement que jamais dans leurs activités conjuguées pour se soutenir mutuellement et coordonner leurs efforts. La conférence annuelle du Mouvement pan-africain pour la Liberté de l'Afrique centrale et orientale, qui s'est tenue en février 1962 en Ethiopie, a adopté une série de résolutions soutenant la lutte de libération en Afrique et s'opposant aux bases militaires étrangères. Elle a appelé les peuples africains à renforcer leur unité et à déjouer tous les complots et ruses des colonialistes visant à les diviser. En mai 1962, une conférence spéciale du même Mouvement a eu lieu au Tanganyika pour organiser le soutien à la lutte du peuple en Afrique centrale. Elle a réclamé la dissolution de la "Fédération de l'Afrique centrale", tout en soulignant la nécessité de renforcer l'unité des mouvements nationalistes en Afrique centrale et orientale et en Afrique du Sud dans la lutte anti-impérialiste.

Pour atteindre le but commun qui est de conquérir et de sauvegarder leur indépendance nationale, les peuples des différents pays de cette région se prêtent un soutien mutuel. Ainsi, la lutte du peuple en Rhodésie du Sud constitue-t-elle un appui pour celle du peuple de Rhodésie du Nord; alors que les peuples des pays d'Afrique orientale trouvent un soutien dans la lutte des pays d'Afrique centrale. Les pays qui ont accédé à l'indépendance soutiennent activement les peuples encore sous domination coloniale. Le gouvernement et le peuple du Tanganyika donnent tout leur appui à la lutte des peuples de l'Afrique centrale et orientale et de l'Afrique du Sud. Après l'indépendance de l'Ouganda, le Congrès du peuple de l'Ouganda, parti au pouvoir, a réaffirmé sa politique consistant à accorder toute l'assistance possible aux peuples africains qui ne se sont pas encore libérés. A l'heure actuelle, les peuples africains se rendent toujours mieux compte que le renforcement de l'unité et le soutien mutuel constituent le gage le plus sûr de la victoire dans la lutte contre l'impérialisme.

Les peuples d'Afrique centrale et orientale et des autres parties de ce grand continent sont face à une excellente situation. En cette année 1963, marquée par l'essor continu du mouvement de libération nationale en Asie, en Afrique et en Amérique latine, les peuples d'Afrique centrale et orientale remporteront, sans aucun doute, des victoires encore plus éclatantes.

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