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Directory Of Year 1963, Issue 1
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La mise au pas du Haiho

Year:1963 Issue:1

Column: Articles

Author: Teng Tsou-tchang

Release Date:1963-03-04

Page: 44-46

Full Text:  

DE grands travaux ont été accomplis ces treize dernières années pour mettre le fleuve Haiho sous contrôle et en valeur. Ils ont permis notamment de vaincre les inondations et la sécheresse, d'étendre les surfaces irriguées, d'accroître les récoltes et d'élever progressivement le niveau de vie du peuple.

La province du Hopei occupe toute la pointe nord de la vaste plaine de la Chine du Nord. Ses fertiles terres alluviales donnent quelques-unes des plus belles récoltes du pays, notamment pour le coton et le blé. Les troisquarts de son territoire, soit la plupart de ses terres fertiles, se trouvent dans le bassin de réception du Haiho et de ses affluents, l'un des plus grands réseaux fluviaux de la Chine du Nord et aussi, avant la Libération, l'un des plus capricieux.

Le Haiho a cinq affluents: le Tchaopai ou Grand Canal du Nord, le Yongting, le Tatsing, le Tseya et le Weiho ou Grand Canal du Sud. Chacune de ces rivières est, de son côté, alimentée par des affluents plus petits. Prenant leur source en des endroits différents, ces cinq cours d'eau, tels les lames d'un éventail, convergent sur Tientsin, l'une des plus importantes cités industrielles et commerciales de Chine et le port principal du Hopei. Là, ils donnent toute sa largeur au Haiho qui se jette dans le golfe du Pohai.

La grande importance que présente le Haiho pour l'agriculture de la province du Hopei provient de ce que les chutes de pluie sont réparties fort inégalement dans cette province, qui souffre chaque printemps de sécheresses périodiques. En revanche, lorsque la pluie tombe à torrents en été, les rivières débordent vite. Bien que de nombreuses mesures aient été prises: boisement et autres méthodes pour conserver l'humidité et empêcher que les eaux ne ruissellent trop rapidement des flancs des montagnes et collines dénudées, il faudra des années pour qu'elles se révèlent pleinement efficaces. En attendant, avec l'eau arrivant à flots du cours supérieur et de petits affluents, un large cours d'eau, peu profond et sinueux peut se transformer en une nuit en un torrent furieux. Avant la Libération, il était fréquent que de telles crues fissent déborder la rivière dans les régions plates du cours inférieur, causant de sérieux dégâts aux récoltes, bétail, habitations, etc., et de lourdes pertes en vies humaines. Sous les dynasties des Mings (1368-1644) et des Tsings (1644-1911), inondations et sécheresses graves à des degrés divers sévissaient en moyenne deux fois en trois ans.

En 1939 encore, alors qu'une grande partie du Hopei était occupée par l'armée japonaise, les eaux se ruèrent par-dessus les bords et les digues d'un grand nombre d'affluents. Plus de 70 millions de mous de terres cultivées furent touchés. La ville de Tientsin demeura inondée pendant un mois. Les usines cessèrent le travail et on circula en barque dans les rues. Huit millions d'habitants de la province eurent à pâtir de cette inondation. Ce fut une année de souffrances inouïes pour le peuple.

Quand le peuple construit

Dès qu'elle eut son gouvernement populaire, la Chine entreprit la réalisation de toutes sortes de projets pour contrôler et utiliser le Haiho. Il ne s'agit pas là d'une entreprise pouvant être rapidement menée à bien, mais grâce à un travail énergique et selon un plan systématique, il a déjà été beaucoup réalisé. En 1957, des digues avaient été consolidées, des rivières draguées et un certain nombre d'importants ouvrages hydrauliques érigés. En 1954, le grand Réservoir de Kouanting, d'une capacité de 2.270 millions de mètres-cubes, fut terminé. Le plan de ce réservoir-clé sur le Yongting, l'un des affluents les plus indisciplinés du Haiho, était demeuré à l'état de projet pendant des dizaines d'années avant la Libération. On en avait beaucoup discuté, mais l'indispensable levé géologique n'avait même pas été terminé. Une fois le peuple maître du pouvoir d'Etat, le réservoir fut construit en moins de trois ans.

Le Réservoir de Kouanting et celui de Miyun, qui est plus grand encore, sont en mesure de retenir les eaux en crue du cours supérieur du Yongting et du Tchaopai. Ils protègent ainsi des inondations les régions du cours inférieur de ces deux rivières et, pendant les mois de sécheresse, irriguent de vastes étendues de terres cultivées de la région de Pékin-Tientsin. En outre, le Yongting fournit de l'eau et de l'énergie à Pékin.

Les communes populaires rurales furent établies dans le Hopei au cours de l'hiver 1958 et il en résulta une fièvre sans précédent dans la construction hydraulique. L'effort principal fut centré sur l'aménagement du Haiho, la priorité allant aux travaux destinés à prévenir les inondations. Le plan, dans lequel ce travail était et est inclus, prévoit outre la construction d'un grand nombre de réservoirs dans les régions montagneuses afin de régulariser les cours d'eau capricieux, la construction d'un réseau d'irrigation et des travaux de drainage.

Durant cette période, la commune populaire a donné une preuve éloquente des avantages qu'elle apporte. Des centaines de milliers de membres des communes furent organisés pour ce travail et, au moyen de charrettes et autres véhicules, amenés sur les chantiers de construction en même temps que: outils, matériaux de construction, grain, combustible et autres fournitures nécessaires. Les hommes reçurent un salaire de l'Etat, tandis que les communes prenaient soin de leurs familles. Ils travaillèrent avec une énergie sans pareille pour l'Etat populaire, pour eux-mêmes et pour la postérité.

Avant 1949, il n'y avait dans le bassin du Haiho aucun réservoir digne d'être mentionné, tout juste deux petites vannes. Deux réservoirs avaient été construits en 1957. Il y a maintenant 14 grands réservoirs, chacun d'une capacité de plus de 100 millions de mètres-cubes, 21 réservoirs moyens, chacun d'une capacité de 10 à 100 millions de mètres-cubes et des milliers de réservoirs plus petits.

Les vannes de régulation de l'estuaire du Haiho constituent, dans ce genre d'ouvrages, l'un des plus grands exploits en matière de construction de ces quatre dernières années. Grâce à un barrage de 300 mètres fermant le fleuve, elles empêchent les eaux de se déverser dans la mer pendant la saison sèche, et permettent un débit de 1.200 mètres-cubes à la seconde quand le fleuve est en crue.

Mise sous contrôle des inondations et de la sécheresse

Ces réservoirs et autres travaux hydrauliques connexes ont joué un rôle important dans la mise sous contrôle des inondations et de la sécheresse dans le Hopei ainsi que dans l'accroissement de la production agricole. Plus des 80% de la région montagneuse du bassin de réception du Haiho sont maintenant équipés de façon à pouvoir contrôler les crues. Les terres basses sont bien protégées des inondations. C'est ainsi que la superficie des terres inondées chaque année dans la plaine, entre début 1958 et fin juin 1962, a diminué d'environ 80% par rapport aux années précédentes.

En 1954 et en 1956, les chutes de pluie et le niveau des eaux dans le bassin du Haiho dépassèrent les cotes records de 1939. Tientsin ne fut cependant pas touché et les dégâts causés par l'inondation dans le Hopei furent bien moindres qu'en 1939. Ces dernières années, les précipitations pendant la période des grandes crues dépassèrent de loin en certains lieux celles des dernières décennies, mais grâce aux mesures prises et aux ouvrages hydrauliques construits, les pertes furent réduites au minimum.

En 1959, 1961 et 1962, les pluies furent telles qu'il y eut danger de graves inondations, mais les réservoirs préservèrent au moins 20 millions de mous de terres cultivées. La sécurité des villes, usines et mines fut assurée et le trafic ferroviaire ne fut jamais interrompu. Les services rendus par les réservoirs ont aussi réduit considérablement les besoins en matériel pour parer d'urgence aux inondations, et en main-d'œuvre pour la surveillance des digues.

Les réservoirs ont également contribué à étendre la superficie des terres irriguées, ce qui est de grande importance en période de sécheresse. Les nouveaux réservoirs du cours supérieur de la rivière Houtouo ont à eux seuls accru de près de quatre fois la quantité d'eau que cette rivière est capable de fournir pendant les mois critiques du printemps. Elle irriguait 510.000 mous en 1957 et elle en irrigue aujourd'hui 2 millions. En outre, de nombreuses régions montagneuses qui souffraient autrefois de la sécheresse disposent maintenant d'eau potable et d'eau pour l'irrigation tout au long de l'année.

Les environs de Tientsin ont connu une longue sécheresse, du printemps jusqu'en juillet de l'année dernière. Celle-ci ayant été prévue, les vannes de régulation de l'estuaire du Haiho furent fermées, transformant la rivière en réservoir sur un tronçon de 60 kilomètres de long. Les stations de pompage électrique entrèrent en action et arrosèrent un demi-million de mous de rizières et de cultures maraîchères. Grâce à cette aide, les paysans purent repiquer le riz en temps voulu et procurer suffisamment d'humidité à leurs légumes. La récolte fut relativement bonne.

Quand les cours d'eau étaient en crue, il était impossible autrefois de drainer les eaux de pluie accumulées dans les terres basses. Lorsque les rivières débordaient, la situation s'aggravait encore pour les régions déjà envahies par les eaux. Le niveau des cours d'eau est à présent contrôlé par les réservoirs et les digues, les eaux de pluie en excédent peuvent être facilement évacuées par les canaux avec ou sans l'aide de pompe. Ainsi, il a été possible de convertir en champs fertiles de vastes étendues de terres incultes et de marais situées sur les rives des cours d'eau.

Aide pour l'accroissement de la production

Libérées de la menace de l'inondation et de la sécheresse, beaucoup de régions ont accusé une augmentation remarquable dans la production et le rendement agricole. Par exemple, les 48 villages du district de Hsienhsien sont situés dans une région envahie depuis toujours par les eaux. Dans les tristes années d'autrefois, leurs champs étaient submergés neuf années sur dix en raison des pluies et des inondations; les récoltes étaient maigres et les paysans dans une profonde misère. Après la Libération, deux réservoirs construits sur le cours supérieur du Houtouo délivrèrent ces villages de l'inondation et permirent de drainer les eaux excédentaires.


La centrale du réservoir de Kouanting

La centrale du réservoir de Kouanting

Depuis lors, ils ont augmenté graduellement leur production de grain. En 1960, elle a dépassé de 6,4% le chiffre de 1957. Elle s'est accrue de 5,6% de 1960 à 1961 et de 9,3% de 1961 à 1962.

Compte tenu des conditions propres à chaque localité, les réservoirs du bassin du Haiho sont aussi utilisés pour produire de l'électricité, faciliter la navigation et pour la pisciculture. Tout cela a eu pour résultat une forte augmentation de la production agricole et des revenus.

Le bassin du fleuve Haiho dispose d'abondantes ressources hydrauliques. Il a un potentiel immense que la population du Hopei peut exploiter. Les résultats déjà enregistrés sont remarquables, mais ils ne sont qu'un bon début de la réalisation du plan à long terme pour l'aménagement complet du fleuve. Ce qui a été fait jusqu'ici l'a été surtout dans le dessein d'empêcher les calamités; l'objectif actuel est de créer de nouvelles possibilités, telles que la construction d'autres centrales électriques pour accélérer l'électrification des campagnes. Ce plan sera appliqué avec plus d'efficacité encore au cours des années qui viennent.

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